Pour éviter l'angoisse
Le dernier livre de Jean-Paul Sartre est celui d'un dialogue avec Benny Lévy. Il s'intitule L'espoir maintenant. Le vieux philosophe s'y exprime comme un homme revenu de tout, ce qui ne l'empêche pas d'espérer encore. Il dit : "Et l'espoir, ça signifie que je ne peux entreprendre une action sans compter que je vais la réaliser. Et je ne pense pas (...) que cet espoir soit une illusion lyrique, il est dans la nature même de l'action. C'est-à-dire que l'action, étant en même temps espérance ne peut pas être dans son principe vouée à l'échec absolu et sûr." (21)
Je propose de rapporter ce principe à l'école. Un élève, quel qu'il soit, a le droit de réussir. Ou, du moins, a-t-il le droit d'espérer de pouvoir réussir s'il s'exerce assez, s'il s'entraîne pendant une période pas trop longue. Disons une semaine. Et de réussir alors de manière absolue, si parfaite en tout cas qu'il pourra en être fier, que personne n'aura plus à sourire de ses erreurs. Ce qui signifie que la mission du professeur consiste à choisir pour chaque élève des objectifs qu'il puisse atteindre, et à lui montrer clairement à quelles conditions, en passant par quels chemins, en consentant quels efforts ce qui lui paraît maintenant impossible s'avèrera réalisable.
L'école, aujourd'hui, dans notre pays, demande à tous les élèves d'accomplir les mêmes tâches, en acceptant par avance l'idée que beaucoup d'entre eux échoueront à quinze ans comme ils échouaient déjà quand ils en avaient cinq.
Combien d'heures passent les professeurs de français, chez eux, dans les transports en commun, dans leurs établissements, à corriger des monceaux de copies dans lesquelles ils ne trouvent pas à souligner une seule phrase correcte ?
Qu'attend-on de cette souffrance que l'école impose aux élèves comme aux maîtres, en faisant de la production individuelle d'écrits la figure obligée de l'enseignement de la langue ?
Quelle nécessité voyons-nous à ce qu'un élève échoue à écrire seul quand il serait tellement plus heureux de lire et de parler avec les autres ?
"Nous lisons ensemble un texte de 14 lignes. Dans ces 14 lignes, nous entourons 10 mots dont chacun, demain, vaudra 1 point s'il est écrit sans la moindre erreur. Quel sera ton score ?"
"Nous avons travaillé ensemble 10 textes de 14 lignes. Choisis-en 5 parmi les 10 que tu puisses restituer de mémoire, à l'oral puis à l'écrit."
"Vous travaillez ensemble à nous raconter la vie de Victor Hugo en 10 diapositives, dans lesquelles vous pourrez mettre à votre guise du texte et des images, et devant lesquelles vous parlerez pendant 15 minutes, pas une de plus."
Même aux élèves les plus en difficulté, nous pouvons éviter l'angoisse en définissant des objectifs clairs, en dénombrant partout où nous pouvons ce qui risquerait de se confondre.
Je propose de rapporter ce principe à l'école. Un élève, quel qu'il soit, a le droit de réussir. Ou, du moins, a-t-il le droit d'espérer de pouvoir réussir s'il s'exerce assez, s'il s'entraîne pendant une période pas trop longue. Disons une semaine. Et de réussir alors de manière absolue, si parfaite en tout cas qu'il pourra en être fier, que personne n'aura plus à sourire de ses erreurs. Ce qui signifie que la mission du professeur consiste à choisir pour chaque élève des objectifs qu'il puisse atteindre, et à lui montrer clairement à quelles conditions, en passant par quels chemins, en consentant quels efforts ce qui lui paraît maintenant impossible s'avèrera réalisable.
L'école, aujourd'hui, dans notre pays, demande à tous les élèves d'accomplir les mêmes tâches, en acceptant par avance l'idée que beaucoup d'entre eux échoueront à quinze ans comme ils échouaient déjà quand ils en avaient cinq.
Combien d'heures passent les professeurs de français, chez eux, dans les transports en commun, dans leurs établissements, à corriger des monceaux de copies dans lesquelles ils ne trouvent pas à souligner une seule phrase correcte ?
Qu'attend-on de cette souffrance que l'école impose aux élèves comme aux maîtres, en faisant de la production individuelle d'écrits la figure obligée de l'enseignement de la langue ?
Quelle nécessité voyons-nous à ce qu'un élève échoue à écrire seul quand il serait tellement plus heureux de lire et de parler avec les autres ?
"Nous lisons ensemble un texte de 14 lignes. Dans ces 14 lignes, nous entourons 10 mots dont chacun, demain, vaudra 1 point s'il est écrit sans la moindre erreur. Quel sera ton score ?"
"Nous avons travaillé ensemble 10 textes de 14 lignes. Choisis-en 5 parmi les 10 que tu puisses restituer de mémoire, à l'oral puis à l'écrit."
"Vous travaillez ensemble à nous raconter la vie de Victor Hugo en 10 diapositives, dans lesquelles vous pourrez mettre à votre guise du texte et des images, et devant lesquelles vous parlerez pendant 15 minutes, pas une de plus."
Même aux élèves les plus en difficulté, nous pouvons éviter l'angoisse en définissant des objectifs clairs, en dénombrant partout où nous pouvons ce qui risquerait de se confondre.
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