La renouée aux oiseaux, de Paola Pigani
Quelquefois la poésie est habitée par le roman. Qu’elle puisse l'être ne signifie pas qu’elle serait aujourd'hui capable de raconter une aventure comme elle faisait au dix-neuvième siècle, disons dans La Légende des siècles. Entre temps elle est devenue un art parcimonieux. On la reconnait le plus souvent au vide dans les pages. Pourtant il lui arrive encore de dire des histoires, de celles comme dans la vie où le temps se répète. S'enroule. Ne passe pas. Et de faire vivre des personnages. C'est ce qu'on voit dans le beau livre de Paola Pigani, La renouée aux oiseaux, paru à la Boucherie littéraire en 2019. Le personnage est celui d'une "pauvre folle", comme on dirait une "mauvaise herbe", qui a perdu un enfant et qui lui survit dans une institution où elle effectue de gros travaux de cuisine et de ménage, sans qu'on sache si elle y est employée ou plutôt accueillie.
Les textes qui ornent les pages se lisent l'un à la suite de l'autre sans en sauter aucun. Si j'étais professeur de français en collège ou lycée, je conseillerais à mes élèves d’aborder l’ouvrage comme un roman graphique. Ici les dessins sont remplacés par des poèmes. Ils se lisent aussi vite, s’appréhendent, s’impriment dans la mémoire presque d'un seul coup d'œil, tandis qu'on s’arrête sur certains pour rêvasser ou les scruter comme à la loupe. En voici un:
On nous envoie creuser la terre
sortir au jour betteraves
et topinambours
Après je me fais attraper
on me fouille
avec les autres
voleuses de jardin
Dans ma chasuble
je n'ai qu'un caillou creux
L’histoire a réveillé en moi le souvenir d’un autre livre qui n'est pas de poésie ni davantage un roman. Dieu gît dans les détails est paru chez P.O.L. en 1993. Marie Depussé y rend compte de son expérience de vie à la clinique psychiatrique de Cour-Cheverny, dite clinique de La Borde, dans le Loir-et-Cher, du temps que celle-ci était dirigée par son fondateur, Jean Oury, et où Félix Guattari animait chaque semaine des réunions institutionnelles avec les souffrants.
La malheureuse de Paola Pigani aurait pu prendre ce pli de venir parler à Marie Depussé dans la cuisine, à l'heure de la vaisselle. Comme Paola Pigani aurait su animer des réunions institutionnelles entre Jean et Félix.
+ Le blog de Paola Pigani
Les textes qui ornent les pages se lisent l'un à la suite de l'autre sans en sauter aucun. Si j'étais professeur de français en collège ou lycée, je conseillerais à mes élèves d’aborder l’ouvrage comme un roman graphique. Ici les dessins sont remplacés par des poèmes. Ils se lisent aussi vite, s’appréhendent, s’impriment dans la mémoire presque d'un seul coup d'œil, tandis qu'on s’arrête sur certains pour rêvasser ou les scruter comme à la loupe. En voici un:
On nous envoie creuser la terre
sortir au jour betteraves
et topinambours
Après je me fais attraper
on me fouille
avec les autres
voleuses de jardin
Dans ma chasuble
je n'ai qu'un caillou creux
L’histoire a réveillé en moi le souvenir d’un autre livre qui n'est pas de poésie ni davantage un roman. Dieu gît dans les détails est paru chez P.O.L. en 1993. Marie Depussé y rend compte de son expérience de vie à la clinique psychiatrique de Cour-Cheverny, dite clinique de La Borde, dans le Loir-et-Cher, du temps que celle-ci était dirigée par son fondateur, Jean Oury, et où Félix Guattari animait chaque semaine des réunions institutionnelles avec les souffrants.
La malheureuse de Paola Pigani aurait pu prendre ce pli de venir parler à Marie Depussé dans la cuisine, à l'heure de la vaisselle. Comme Paola Pigani aurait su animer des réunions institutionnelles entre Jean et Félix.
+ Le blog de Paola Pigani
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