Épilogue
Et puis, ce fut Noël. Andrew espéra, un moment, que ses enfants viendraient le retrouver. Mais ceux-ci se désistèrent, arguant que leurs obligations professionnelles ne leur permettaient pas d’effectuer un si long voyage. Andrew entendit qu’ils ne souhaitaient pas rencontrer Norah, qu’ils n’y étaient pas prêts. Cela pouvait se comprendre et, s’il en fut attristé, il n’en laissa rien paraître. En revanche, Fiona (son étudiante préférée) accepta l’invitation et fit donc le voyage depuis Austin (Texas) accompagnée de la petite Gina. Maïa fut sur place dès le 23, accompagnée de Tom. Elle voulait aider leurs hôtes à préparer la fête. Norah était heureuse de mieux la connaître, et Maïa lui fut reconnaissante de l’accueil qu’elle lui faisait. Le 24 au matin, les deux pilotes, Stephen et Paul, son associé, arrivèrent ensemble. Ils apportaient de nombreux cadeaux et un appareil photo polaroïd, dont ils firent aussitôt usage. Étions-nous enfin au complet ? Pas tout à fait, affirma Norah. Il manquait encore Kwame, le prêtre de l’église de Murmur, qui rejoignit les autres au début de l’après-midi. Il était accompagné de son sacristain, qui était tamoul. Il déposa sous le sapin un cadeau pour Norah, dont celle-ci devait découvrir, quelques heures plus tard, qu’il s’agissait du fac-similé d’un manuscrit de Jean-Sébastien Bach. Pouvions-nous alors fermer la porte à clé ? Eh bien, non. Car à huit heures du soir, devaient débarquer encore Rajeshwari, le conducteur de taxi, et une femme visiblement plus âgée, très belle, dont il ne dit que le prénom. Elle s’appelait Roberte, son élégance vestimentaire, toute en noir, façon Yohji Yamamoto, bluffa la compagnie, et à son propos Norah et Maïa déclarèrent ensemble, dans la cuisine, qu’elle était un sosie de Pina Bausch. Et cette fois enfin, le compte y était.
Norah et Maïa avaient chargé Andrew de choisir la musique d’ambiance, et celui-ci avait établi une playlist, composée avec des titres de Frank Sinatra, Dean Martin, Nat King Cole, Bing Crosby et Liza Minnelli, dont le kitsch les fit sourire et les agaça un peu. Mais il devait donner son maximum un moment plus tard, quand les deux enfants, Gina et Tom, furent couchés. Il se rendit dans la chambre où on les avait installés et il leur raconta une histoire. C’était le conte de la fée Grenadine, qu'il avait inventé et dont plus tard il devait me communiquer le texte, celui qu’avec son autorisation je reproduis ici.
Commentaires
Je viens de finir la lecture de Nice Nord.
Il m'a fallu te faire une grande confiance pour te suivre dans les méandres de tes souvenirs et de ton imaginaire, sans trop chercher de liens de sens. Tu as dans ce récit, une écriture impressionniste, à la manière des peintres, une touche par ci, une touche par là. Des tâches d'ambiances. Des bulles d'émotion. Toujours sensible. Jamais larmoyant. Une écriture d'une grande délicatesse.
Dans le même temps, en te lisant, des toiles de Hopper me venaient à l'esprit tant tu parviens à décrire chaque personnage dans sa singularité bien qu'inclus au sein d'un groupe social.
Une écriture décidément très visuelle, très voisine du travail oral par images mentales, de la conteuse que je suis.
Merci pour ce partage.